Une habitante a engagé une procédure pour que son voisin de restaurateur rehausse la cheminée de sa cuisine.
«J’adore le kebab,
lance Me Patrice Hugel.Mais le problème du kebab, c’est que ça sent un peu…
». Audience culinaire en odoravision, jeudi 3 février 2022 devant le juge des référés d’Angers.
L’affaire est grave : rue Beaurepaire, en plein cœur commerçant de la Doutre, une habitante se plaint de l’odeur de graillon qui empeste son appartement. Elle le flaire d’une manière certaine : la pestillence provient de la cheminée d’un restaurant tout proche appelé Le Régal. Le tuyau en serait trop court et le propriétaire des murs, qui est aussi le propriétaire du restaurant, promet depuis longtemps des travaux de rehaussement qui ne viennent pas.
Délibéré le 17 février
«Deux ans qu’on nous les promet
, a lancé Me Hugel, avec beaucoup d’effets de manche. On nous répond qu’il n’y a pas d’argent et que c’est la crise !
» De guerre grasse et lasse, elle a saisi le juge après avoir fait venir des huissiers, qui n’ont rien constaté d’autre que l’exhalaison suiffeuse du logement. Pour faire bonne mesure, elle a joint les attestations de ses proches pour attester que ça ne sent pas la rose.
–Ce n’est pas vrai
, a objecté en face le bâtonnier Jean Denis.Dans le même immeuble, il y a un autre habitant qui atteste qu’il ne sent rien.
–Il a sûrement la Covid
, a répliqué Me Hugel.
–Mon confrère se croit à la cour d’assises ?
s’est offusqué Me Denis.
À la défense du restaurateur, celui-ci a bien voulu reconnaître que la cheminée n’est pas tout à fait aux normes et qu’il y a des travaux à faire, mais il a refusé de porter la responsabilité de tous les effluves graillons du quartier : «Mon restaurant ne date pas d’hier et les autres non plus. Mais personne ne prouve que les mauvaises odeurs viennent de chez moi et pas d’à côté !
».
La juge a refermé son dossier en soupirant. Délibéré le 17 février.
Article paru dans l’ouest France : Justice. Dans la Doutre : « C’est très bon le kebab, mais ça sent un peu… » (ouest-france.fr)